Carte postale gourmande de Sicile

Difficile de savoir par où commencer cette carte postale tant cette île est riche. Les haltes concernant les logements et la restauration apparaissent en gras pour faciliter votre lecture.

Segeste

Débutons par l’ouest de l’île, direction Erice qui pointe son nez du haut de ses 750 mètres d’altitude lorsque vous débarquez à Trapani. Cette jolie cité de pierres blanches est dotée d’un nombre impressionnant d’églises baroques qu’il est possible de découvrir en suivant un parcours en vente selon plusieurs formules à proximité du parking. Petite halte sympathique à la Pasticceria Grammatico Maria pour déguster quelques douceurs… J’avais repéré à Erice un hôtel situé dans un ancien monastère qui a l’air charmant. Option abandonnée au profit de chambres d’hôtes dans la ferme de Lina et Isidori non loin de Segeste. Je vous en recommande vivement l’adresse, non seulement car elle est bon marché et surtout car nous y avons été accueillis comme des princes. Laissez-vous tenter par l’option dîner à 18 euros par personne qui permet de déguster nombre de spécialités siciliennes concoctées par Lina. Festival d’aranchini, escalope panée ou autre caponata d’une saveur inégalée. Le tout arrosé du vin de la propriété. La barre était donc haute au niveau gastronomique dès le début du périple ! Pour en savoir plus sur ce gite je vous laisse cliquer ici. Halte d’autant plus agréable que le site antique de Ségeste est tout proche. Comme pour tous les sites antiques, peu abrités du soleil, mieux vaut privilégier le matin ou la fin d’après-midi pour la visite afin d’éviter la grosse chaleur et la foule.

Pour changer un peu des ruines direction Marsala. Comme dans la plupart des villes siciliennes il ne faut pas s’arrêter à l’état de ses quartiers périphériques assez peu avenants et gagner le centre pour y découvrir une jolie petite ville marquée par une architecture qui a évolué au fil des siècles et des activités locales. Bon lot bien sûr de palais et d’églises, mais bon je ne vais pas vous le dire pour chaque halte, hein ?! Possibilité de visiter des caves de producteurs de vin de Marsala sur réservation en anglais ou en italien. Ne manquez pas de déguster une délicieuse glace à la Gelateria Romeo cachée dans une toute petite rue. Les portions sont généreuses et la production artisanale sans additifs. Avec le recul je crois que c’est la meilleure glace que j’ai pu déguster sur l’île ! Depuis mon retour en France la qualité, les portions et le prix des glaces locales me font regretter leur version sicilienne !!

Mazara del Vallo se dresse un peu plus loin sur la côte. Jolie petite ville sicilienne dont l’architecture a bénéficié des apports de plusieurs occupants successifs. Parmi les églises ne manquez pas la sublime Chiesa san Francesco très richement décorée et la très surprenante Chiesa san Ignazio qui jouxte le Collegio dei Gesuiti qui abrite le musée de la ville. L’occasion étrange d’admirer une église en ruines à ciel ouvert ! Le quartier de la Casbah assure le dépaysement en vous transportant quelques instants dans une ambiance nord-africaine. Vous y admirerez de jolis graph sur les rideaux métalliques des boutiques.

Chieasa San Ignazio

A 27 kilomètres de là se dresse face à la mer la cité de Sélinunte. Outre trois temples isolés dont un seul a été redressé il est offert au visiteur de parcourir les ruines de l’Acropole. Une fois repus d’histoire n’hésitez pas à reprendre votre voiture pour aller déguster un bon poisson grillé ou le buffet à volonté (13 euros) du restaurant Lido Zabbara. Accueil agréable, bon rapport qualité prix et vue imprenable sur le site antique, le tout sur la plage !

Selinunte

Dernière halte à l’ouest de l’île auprès de la Scala dei Turchi. La plage y est surmontée de spectaculaires falaises blanches. Le site est accessible à pied depuis la petite station balnéaire de Lido Rosello. Celle-ci n’a aucun autre intérêt que d’accéder après 20 minutes de marche les pieds dans l’eau à la plage située au pied de cette falaise. Le logement de Dino et Anna est une halte bien agréable à Lido Rosello clic. D’autant qu’à 17 kilomètres de là se dresse la superbe Vallée des Temples d’Agrigente qui devance selon moi haut la main les deux autres sites antiques précédemment évoqués. Non seulement le site est majestueux, mais la visite est pédagogique permettant de s’imprégner réellement de la religion grecque et des méthodes de construction. L’audioguide est peu utile car plusieurs panneaux explicatifs en français sont disposés tout au long du parcours. Réservation possible en ligne pour éviter la queue aux caisses. Je vous recommande vivement la visite en fin de journée pour découvrir le site à la tombée du soleil puis de nuit avec un bel éclairage « cosi romantico » ! Ouvert jusqu’à 23 heures l’été.

Agrigento

Départ à présent pour l’est de la Sicile qui collectionne les sites classés au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Impossible de tous les découvrir. Il a donc fallu effectuer des choix. Le premier fut la découverte de la Villa Romana del Casale sur la commune de Piazza Armerina. Ladite Villa nous offre à découvrir ses 3500 m² de mosaïques conservées grâce à une coulée de boue qui les a protégées jusqu’en 1954 ! La visite est un enchantement. Mention spéciale aux « jeunes filles en bikini » dont la modernité est bluffante.

Le festival UNESCO se poursuit avec l’enchanteresse Syracuse dans les rues de laquelle il fait bon se perdre le nez en l’air pour admirer les façades des maisons. Son marché est un plaisir pour les papilles et les pupilles, rythmé par les cris ou chants des vendeurs s’interpellant d’un étal à l’autre. Ne faites surtout pas l’impasse sur la visite de la cathédrale qui résume à elle seule les influences qu’a connu l’île. Sa façade baroque cache en effet un édifice catholique bâti sur les ruines d’un temple grec qui devint également un temps une mosquée après le passage des Byzantins. Bel exemple de syncrétisme religieux.

Siracusa

Non loin de Syracuse l’étonnante ville de Noto mérite également le détour même si je dois bien avouer que son aspect rectiligne ne m’a pas spécialement charmée. La ville a en effet été rebatie en 1693 autour de trois axes principaux. Florilège de palais et d’églises superbes avec une mention spéciale à la cathédrale dont la nef et le dôme se sont effondrés en 1996 ! En réalité ce sont mes papilles qui ont craqué à Noto pour la généreuse cuisine de la Trattoria del Carmine. L’endroit est situé à l’écart du quartier touristique, ne dispose pas de terrasse, a une façade plutôt austère mais la salle a un petit charme suranné et l’accueil y est aussi chaleureux que la cuisine. Le tout pour des prix très raisonnables. Vous ne pouvez pas vous tromper : c’est juste en face de la Chiesa del Carmine !

Direction à présent Taormine perchée sur son rocher. Découverte le soir la ville m’a semblée étrange tant elle est éloignée des codes de celles traversées jusqu’alors en Sicile. On se croirait à Saint Tropez avec ses boutiques ouvertes jusque tard et ce flot de passants venus s’exercer à la Passaggiata. Cette pratique chère aux Siciliens consiste à déambuler dans son quartier le soir tombé, entre voisins ou en famille à flâner tout en discutant. L’art de voir et d’être vu ! Le tout mêlé au flot des touristes c’est une marée humaine qui se forme sur le Corto Umberto I. Ambiance station balnéaire avec ses cartes de restaurants à rallonge et les serveurs qui hèlent le client. Heureusement à l’abri de ce brouhaha il reste possible de dénicher des lieux paisibles dont le Ristorante Malvasia. En salle ou en terrasse, service attentionné avec passage de la Mama qui sort de sa cuisine pour savoir si ses clients sont satisfaits. Une seconde visite matinale nous a permis de découvrir Taormine sous un meilleur profil et de nous perdre un peu dans ses ruelles. Découvrant au passage son théâtre antique, son superbe jardin public ou encore son Duomo.

La côte depuis le jardin de Taormina

Direction l’Etna à présent pour gravir les flancs du plus grand volcan actif d’Europe qui culmine à 3.330 mètres. Plusieurs options s’offrent à vous. Il est possible de l’explorer avec le train qui fait halte dans plusieurs villages sur une journée. Tous les renseignements sont disponibles sur le site Ferrovia Circumetnea sans réservation possible. Vous avez également la possibilité de le gravir entièrement à pieds ou encore de vous faciliter la tâche en empruntant le téléphérique au départ du refuge Sapienza qui vous conduit de 2.100 à 2.500 mètres pour 30 euros l’aller-retour. Des cars 4×4 attendent ensuite les randonneurs amateurs pour les conduire un peu plus haut et finir ou pas l’ascension avec un guide. Il vous faudra alors débourser 35 euros de plus. Méfiez-vous à la caisse du téléphérique car ils semblent avoir pour instruction de vendre systématiquement des billets à 65 euros alors qu’une fois monté vous pourrez, si vous le souhaitez, compléter avec l’option bus et guide. Cela permet de vérifier si la visibilité est bonne ou pas. Quoi qu’il en soit gardez en tête qu’il faut être un minimum équipé pour aller en montagne et que le volcan est réellement actif ! Une petite balade sur les cratères accessibles à pied en haut du téléphérique permet de le constater. Le paysage est lunaire avec au loin la mer… cela vaut le détour ! J’ai découvert au passage qu’il est possible l’hiver de skier sur l’Etna puisque l’on voit bien les traces des pistes et les remontées mécaniques depuis le téléphérique.

La visite de Catane m’a séduite d’autant que l’on m’avait peu vanté cette ville qui est le poumon économique de l’île. J’ai trouvé le centre historique de la ville très majestueux. Il a été réorganisé après le tremblement de terre et l’irruption volcanique de 1693 organisant la ville autour de quelques grandes avenues dont la via Etnea et la via Crociferi qui proposent leur lot de palais et d’églises. Une excursion à Catane doit se prévoir dès le matin pour ne pas manquer le marché au poisson. Le temps ensuite de se balader dans la ville et pourquoi pas de visiter le superbe Palais Biscari à la sortie duquel vous craquerez peut-être pour une pâtisserie, glace ou un petit granite de la maison Il dolci di Nonna Vincenza. Si vous êtes encore en ville à l’heure de l’aperitivo n’hésitez pas à vous installer à la terrasse du Ristorante Delicioza où pour 7,5 euros par personne vous aurez le plaisir de déguster une boisson et une jolie planche.

Place du Duomo de Catania

La région de Catania se découvre également sur ses hauteurs en direction de Messine. Au cœur de ce chapelet de villages qui surprennent par leur activité une halte à Savoca s’impose ! Outre ses beaux bâtiments médiévaux, sa vue magnifique sur la mer et les côtes italiennes, Savoca est une halte de cinéphiles. Francis Ford Coppola y a en effet tourné plusieurs scènes du Parrain 1 dont le mariage de Michael Corleone joué par Al Paccino ! L’attraction du lieu est le Café Vitelli. Caché sous sa tonnelle, qui n’existait pas en 1979 pour le tournage du film, la terrasse vous attend pour boire un verre (pas plus car on paye le prix « Parrain » pour des plats peu qualitatifs) et visiter les salles du café transformées en expo à la gloire du film qui l’a rendu célèbre ! Pour les aventuriers près à découvrir un lieu de villégiature situé au milieu d’une forêt face aux Iles Eoliennes le domaine du Borgo Musolino. Le cadre est superbe, la rénovation des chambres et espaces collectifs est réussie mais la restauration laisse à désirer. L’idéal est de prévoir un pique-nique dans le parc pour le soir puisque chaque chambre dispose d’un réfrigérateur et de ne prendre que le petit déjeuner inclus dans la formule. Il est également possible de redescendre sur Messine sur une route très sinueuse et une longue piste au cœur de la forêt. L’hôtel est classé parmi les Agriturismo dont regorge la Sicile.

Direction Palerme à présent ! Une première halte à Cefalu s’impose évidemment. Ce petit port protégé par son haut rocher est un lieu très touristique mais néanmoins bien agréable. Quelle surprise que de revenir à Cefalu en plein été après l’avoir découverte en automne… Outre ses jolies ruelles l’incontournable ici c’est le Duomo typique de l’art arabo-sicilien-normand. Je ne sais pas dans quel ordre placer ces adjectifs, quoi qu’il en soit le brassage offre un résultat superbe tant à l’extérieur qu’à l’intérieur domine par un Christ Pantocrator sur fond de mosaïques dorées. Après avoir régalé les pupilles petite halte au Ristorante Le Chat Noir situé non loin du Duomo. Accueil attentionné en français, jolie salle, terrasse sur la rue et jardinet intérieur. Bel écrin pour une cuisine de grande qualité à prix tout doux.

Sur les hauteurs de Cefalu la ville de Castelbuono est une halte agréable pour découvrir l’arrière-pays. Le clou du spectacle est son château au sommet duquel est nichée une petite église où le baroque atteint le summum du kitch avec au centre la relique du crâne supposé de Sainte Anne.

En route à présent pour la belle Palerme. Tombée sous son charme il y a quelques années c’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé ses rues animées bordées de palais et d’églises plus ou moins décrépis qui au passage de leurs portes révèlent de petits joyaux. Lorsque vous aurez pris le temps de vous perdre dans les ruelles de Palerme quelques visites classiques s’imposent dont la Cathédrale, le palais des Normands et sa superbe Chapelle Palatine mais aussi la Chiesa di Catarina Vergin et Martire.  Située face à la superbe Martorana cette église est magnifique et depuis deux ans son cloître et ses toits sont ouverts à la visite. Je n’ai pas souvenir d’avoir exploré à ce point une église dans ses moindres recoins ! Une fois sortis de cette visite attrayante vous pourrez même vous rafraîchir ou combler un petit creux dans la petite pâtisserie qui propose des douceurs venant de différents monastères environnants. Non loin de là ne manquez pas les Quattro Canti à côté desquels se dresse la belle Piazza Pretoria sur laquelle se trouve, outre une magnifique fontaine, l’hôtel de ville qui se visite gratuitement. Je ne vous dresse pas la liste de toutes les merveilles dont regorge Palerme mais vous aurez compris que j’ai un faible pour cette belle endormie en plein éveil qui mériterait un article à elle seule. Côté papilles fidélité oblige je vous conseille vivement l’aperitivo du Café Qvivi piazza di la Rivoluzione. Décor rock, terrasse sur la place et formule aperitivo au buffet pour 1 euro de plus que la consommation. Le lieu est tellement prisé par les locaux que les patrons ont ouvert une pizzeria juste en face !… Ambiance différente mais prix mini pour des plats savoureux aux origines bigarrées pour le café-restaurant associatif Moltivolti. En plus il est situé juste à côté du Palazzo du Conte Federico qui mérite franchement le détour ! Si après la visite l’envie soudaine d’une glace vous prend n’hésitez pas à vous faire plaisir avec celles de la Gelateria Al Cassaro sur le Corso Victor Emmanuele. Je me souviendrais longtemps du parfum Black Cherry…

La chapelle Palatine de Palerme

Après avoir visité la cathédrale de Monreale, un dernier petit détour à Castellamar del Golfo pour quitter la Sicile sur l’image d’un magnifique petit port aux ruelles escarpées. Vos papilles ne seront pas en reste en les régalant à la table du Ristorante La Cambusa dont la carte variée est une invitation à la gourmandise à des prix plus que raisonnables au regard du service et de la prestation proposés. Je vais clore cette Carte Postale Gourmande sur la photo des Cannolis revisités par La Cambusa avant de revenir sous peu vous délivrer quelques recettes siciliennes rapportées dans mes valises ! Pour débuter vous pouvez d’ores et déjà retrouver sur le site la recette de la CaponataN’hésitez pas en commentaires à partager vos bons petits plans siciliens…

4 commentaires sur “Carte postale gourmande de Sicile

  1. L’idéal aurait été que je parte en août, après avoir lu ton article! 🙂
    Les plats sont magnifiques et ton parcours, superbe!
    La chapelle Palatine est comme une petite Cathédrale de Monreale. J’ai visité beaucoup de Cathédrale et celle-ci est vraiment un coup de coeur.

  2. Ah, j’avais adoré Catane ! Mais la région de Palerme (et Monreale) est vraiment ma préférée. Ton parcours semble bien excitant… Il me manque encore Syracuse et Noto pour boucler le tour de l’île, ce sera pour une prochaine fois. En tout cas, après des années à aller à Rome, j’ai trouvé dans la Sicile un condensé de l’Italie que j’aime, tant pour l’architecture, la richesse de l’histoire que pour la gastronomie (il y a deux ans, j’avais mangé de l’espadon presque à tous les repas, je crois). Un émerveillement à chaque pas !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *