Carte postale gourmande de Sardaigne

Après la Sicile l’été dernier je vous propose de poursuivre la découverte des îles italiennes avec la SARDAIGNE !Tout comme sa consœur sicilienne la Sardaigne a subi bien des invasions qui ont contribué au fil du temps à forger son caractère architectural et gastronomique qui seront au centre de cette nouvelle carte postale gourmande. La nature n’est pas en reste puisqu’elle resplendit dans les espaces littoraux, ruraux et montagnards si bien que la Sardaigne oscille délicieusement entre les influences terriennes et maritimes tant au niveau de ses paysages que de sa cuisine. Je vous confierai au fil de cette carte postale gourmande quelques adresses de restaurants qui seront suivies de recettes sardes dans les semaines à venir.

Tout commence par le nord de l’île où PORTO TORRES sera peut-être le lieu de votre arrivée par bateau. Si tel est le cas inutile de prévoir d’y séjourner car la ville est peu attrayante en dehors de ses plages. Prenez toutefois le temps d’y visiter la Basilica San Gavino, splendeur romane aussi épurée qu’imposante. A une trentaine de kilomètres plus au nord débute la presqu’île de STINTINO face au Parco Nazionale dell’asinara.  De magnifiques plages de sable fin s’offrent à vous face à de superbes îles.

En reprenant la route vers le sud ne faites pas l’impasse sur ARGENTERIA. Comme son nom l’indique cette ville fut, jusqu’en 1963, le cœur d’une exploitation minière de plomb, de zinc et d’argent. Les exploitations abandonnées depuis se dressent au cœur d’un paysage magnifique et bordent de jolies plages aux eaux turquoises. Cela pose tout de même la question de la gestion des sites industriels abandonnés en Sardaigne qui sont nombreux au sud de l’île et ne semblent pas préoccuper grand monde… Il semble qu’un projet de parc à thème ait été envisagé un temps pour Argenteria puis abandonné. Des visites guidées du site sont possibles ainsi que la visite d’un petit musée.

Reprenons la route vers la GROTTE DE NETTUNO qui ouvre la splendide Baie de Porto Conte. Les grottes sous-marines sont nombreuses sur le littoral sarde et celle de Nettuno est une des plus célèbres. Son accès est possible par la mer, même si les bateaux n’y accostent que lorsque le temps le permet ce qui est donc aléatoire, ou par un superbe escalier de 654 marches creusé dans la falaise. La visite de la grotte est obligatoirement guidée et c’est là que les choses se gâtent. Non seulement les groupes sont trop étoffés, mais les guides sont plus ou moins expéditifs ou inspirés par leur sujet. L’endroit est néanmoins magique avec notamment le Lac Lamarmora long de 100 mètres qui ouvre sur un dédale de stalagmites et de stalactites.

Au cœur de cette jolie région direction à présent ALGHERO. Comme souvent dans les villes sardes un peu étendues ses abords sont peu avenants mais abritent en leur cœur un magnifique centre médiéval aux rues tortueuses dont bon nombre de constructions furent remaniées à la Renaissance. La ville propose également une superbe balade du haut de ses anciens remparts dont les restes de tours ponctuent le paysage littoral. Plus au centre se dresse la ville de SASSARI véritable centre économique, administratif et universitaire et seconde ville de Sardaigne. Ses ruelles aux maisons bigarrées débouchent sur la vaste Piazza d’Italia. Alghero et Sassari possèdent chacune un superbe Duomo (cathédrale) et quelques musées à privilégier selon vos centres d’intérêts.

Petite ruelle à Santu Lussurgu

Plus au sud SANTU LUSSURGIU mérite le détour. Cette cité, dominée par les ruines d’un château niché à 500 mètres d’altitude, a depuis longtemps abandonné son activité de tannerie, dont on découvre les traces avec les bâtiments longeant les quais. Certes la grimpette est ardue pour y accéder mais il est agréable de la faire à pied pour prendre le temps de découvrir les ruelles de la ville bordées de maisons aux couleurs vives et le panorama à l’arrivée est à couper le souffle.

 

 

 

Alternant toujours sites historiques et plages le sud nous attire ensuite en direction de THARROS. Cette cité antique déploie magnifiquement ses ruines le long du littoral. La visite des lieux permet de prendre conscience de la vie qui s’y est déployée entre le VIIIème siècle avant JC et le XIème siècle de notre ère. Ne pas faire l’impasse sur la tour espagnole du XVIème siècle qui offre un point de vue exceptionnel sur le littoral le long duquel se déploient de longues plages de sable fin aux eaux turquoises.

Les ruines de Tharros

Pour les amateurs de plages matière rien ne vaut le détour par PISCINAS. Au bout d’une route qui se transforme soudain en piste sableuse se trouve une longue plage bordée par des dunes de sable hautes par endroit de 60 mètres. L’endroit est magique ! Si l’envie de vous restaurer ou d’y boire un verre vous vient à l’esprit allez sans hésiter vous attabler à « L’oasi Chiosco Bar » où l’accueil est sympathique pour des plats de qualité à des prix raisonnables (foccacia, salades, pizzas…).

Au détour d’une rue de Sant’Antioco

 

Mettons à présent le cap vers l’île de SANT’ANTIOCO qui est reliée à la Sardaigne par une route ce qui évite de prendre un ferry pour circuler ensuite. La ville de Sant’Antioco s’est révélée être une halte bien agréable pour découvrir le sud ouest de la Sardaigne. Contrairement à Alghero dont le centre-ville est dominé par l’activité touristique Sant’Antioco permet de s’immerger réellement dans la vie locale. Le centre ancien autour du Duomo domine les rues animées qui mènent au port. La proximité de plages magnifiques dont la Spiaggia di Maladroxia ne gâche rien ! Il est possible ensuite de rejoindre l’île de San Pietro au nord par bateau depuis la ville de Calasetta. Excellente adresse pour se restaurer au Ristorate Il Tamarindo où la cuisine est un ravissement à des prix tout à faitraisonnables au regard de la qualité. Le restaurant propose aussi bien des spécialités de la terre, dont le fameux cochon de lait rôti, que de la mer avec notamment les Fregolas aux fruits de mer. Mention toute particulière aux desserts dont une délicieuse tarte tatin pour laquelle la patronne m’a dit s’être inspirée de Christophe Michalak… la gourmandise n’a décidément pas de frontières !

Depuis Sant’Antioco il est possible de rayonner dans le sud-ouest de l’île en direction bien sûr de CAGLIARI. La capitale de la Sardaigne dans sa partie ancienne m’a un peu rappelé Palerme, dont je vous ai parlé ici , avec ses rues tortueuses qui abritent de superbes bâtiments au détour desquels s’élèvent des maisons franchement décaties. Plusieurs parkings au pied du Castello permettent d’y accéder à pied pour découvrir le Duomo Santa Maria qui domine la Piazza Palazzo autour de laquelle se dressent plusieurs palais dont l’ancien hôtel de ville et la préfecture. Les amateurs de musées pourront se délecter dans le quartier de la Citadella dei Musei où plusieurs d’entre eux se concentrent. Direction ensuite le quartier de la Marina en passant par le superbe escalier du Bastione San Remy (photo ci-dessous). La Marina regorge de rues piétonnes agréables et débouche sur la Via Roma dont les arcades longent le port. Pour ceux qui souhaiteraient reprendre des forces en grignotant dans le quartier la Locanda Caddeo s’avère être un lieu idéal avec sa terrasse à l’ombre des arcades de la Via Roma et ses pizzas, focacce ou planches à partager d’un excellent rapport qualité-prix. Si vous ne craquez pas pour un dessert maison, la Gelateria Peter Pan occupe la même terrasse. Je dois tout de même vous avouer que je n’ai pas retrouvé en Sardaigne des glaces aussi bonnes que leurs homologues siciliennes et ça n’est pas faute d’avoir testé largement les glaciers de l’île, mais je chipote sans doute. Au retour ne manquez un petit arrêt pour vous rafraichir sur la magnifique Spiaggia di Tuerredda…

Dans un autre style, toujours dans le sud-ouest de l’île, ne faites pas l’impasse sur la visite de CARBONIA et ce à double titre. Tout d’abord cette ville est une des trois dont la construction fut ordonnée par Mussolini à la recherche de ressources nouvelles pour alimenter l’Italie. Après Arborea et Fertilia créées avec une vocation agricole après avoir asséché des marais insalubres, Carbonia, comme son nom l’indique était tournée vers l’exploitation du charbon. Des habitants venus de diverses régions italiennes menacées d’explosion démographique ont peuplé ces villes pour y travailler sous la férule fasciste. L’architecture massive et ordonnée de ces villes porte la trace de ce régime dictatorial improvisé urbaniste. Quelques panneaux explicatifs autour de la Piazza Roma permettent de comprendre les visées du Duce. De plus la visite du Museo del Carbone est particulièrement intéressante. Il faut réserver au préalable pour profiter d’une visite du site en français et découvrir notamment les raisons de la fermeture du site en 1971.

Pour finir notre escapade au sud-ouest avec un peu d’histoire je vous propose un détour par SU NURAXI qui est le seul site sarde classé au patrimoine mondial de l’UNESCO ! Nous avons eu la chance d’être accompagnés pour sa visite par un guide francophone ce qui nous a permis d’être bien initiés aux mystères de la civilisation Nuragique qui a dominé la Sardaigne autour du XVIIIème siècle avant JC. Le site, bien conservé a été ensuite occupé par les Phéniciens, les Romains puis exploité encore au Moyen-Age. Au centre un donjon appelé Nuraghe qui domine un village fait de maisons circulaires. Le billet d’entrée permet d’accéder ensuite au Centro Giovanni Lulli, du nom de l’archéologue découvreur du lieu, mais aussi au Museo Casa Zapata. Pour faire bref il s’agit d’une maison bourgeoise du XVIème siècle bâtie par des espagnols sur des vestiges nurages. En gros la famille Zapata et la municipalité ont fermé les yeux sur la présence des vestiges qui ont été mis à jour dans les années 1980 au décès de la dernière héritière. Depuis la maison a été évidée pour faire apparaître les vestiges au prix d’aménagements muséographiques d’une qualité impressionnante. Par contre petit conseil : évitez le petit resto du site… c’est pas bon !!

Ayant délaissé le sud-est de l’île car il faut bien faire des choix sur 15 jours, je vous invite à remonter vers le nord-est. Première halte à DORGALI un gros bourg sarde construit sur un plateau recouvert d’oliviers et de maquis. Le site est absolument magnifique et la petite ville permet de bien rayonner dans la région. Si vous cherchez une seule raison pour vous arrêter à Dorgali ce sera pour dîner à l’Agriturismo Corte Barisone. Alors bien sûr, je vous vois dubitatifs… un agriturismo en pleine ville !? Et bien oui, d’après ce que j’ai saisi avec mon italien fantomatique, le propriétaire nous accueille dans ce qui fut le cœur ancestral de l’exploitation familiale. Les locaux ont depuis été déplacés dans des lieux plus propices à l’élevage. Et alors là pour 30 euros par personne tout compris c’est un festival allant de la charcuterie au Seadas au miel en passant par le sanglier (ce qui ne m’a pas converti pour autant, je te rassure Fred !) ou les culurgiones farcis. Le tout fait maison bien sûr. Non seulement c’est copieux et excellent mais en plus le cadre est splendide.

A une dizaine de kilomètres de Dorgali la station balnéaire de CALA GONONE est nichée au pied de la falaise ce qui offre un magnifique décor à ses plages. Certes l’urbanisation balnéaire est présente mais elle est peu invasive car les bâtiments de dépassent pas les 3-4 étages et nous sommes très loin du bétonnage de certaines côtes françaises ! Cala Gonone est un bon point de chute pour profiter des plages en ville mais aussi pour partir en excursion en bateau ou à pied pour découvrir le magnifique Golfo di Orosei.

Dans les terres si NUORO ne mérite pas franchement un détour il est essentiel d’aller découvrir la petite ville d’ORGOSOLO. Elle doit sa réputation aux fresques murales qui ornent nombre de ses maisons le long du Corso Repubblica, signes apparents de l’esprit de contestation qui a longtemps dominé les lieux. En 1969 la contestation a pris la forme de slogans politiques et de peintures marquant l’opposition d’habitants et d’anarchistes milanais au projet d’implantation d’une base militaire dans les environs d’Orgosolo. Après la victoire de cette résistance pacifique une nouvelle série de fresques est apparue en 1975 pour célébrer le trentième anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. Depuis la tradition demeure permettant l’expression de thèmes liés à l’actualité locale ou internationale. Nombre de ces fresques sont inspirées par l’œuvre de Pablo Picasso… Après cette petite balade culturelle en plein air n’hésitez pas à vous attabler à la terrasse Trattoria Murales où les pizzas sont de qualité et peu chères !

En remontant sur le nord certains seront peut-être tentés de faire un détour par les stations balnéaires de PORTO CERVO et PORTO ROTONDO dont je dirais qu’elles sont une sorte de Saint Tropez sarde patiné à la mode Disney… tout ceci est trop lisse pour moi et bien éloigné de l’esprit sarde… à vous de voir !

L’archipel de la Maddalena

Par contre impossible de quitter la Sardaigne sans découvrir le PARCO NAZIONALE DELL’ARCIPELAGO DI LA MADDALENA. L’accès se fait en 20 minutes par ferry depuis Palau, qui ne présente elle-même que peu d’intérêt. Sur la soixantaine d’ilots composant cet archipel seules 7 îles sont accessibles dont deux seulement par la route. La principale est l’Isola di la Maddalena qui a donné son nom à la ville principale dont les ruelles sont bien agréables à découvrir. Depuis cette île il est possible de rejoindre par voie terrestre sa voisine Isola Caprera qui abrite la maison et le musée de Garibaldi. La maison étant fermée le lundi, pas de chance, nous nous sommes rabattus sur le musée qui nous a permis à la fois de bénéficier d’un point de vue magnifique sur l’archipel depuis son éperon rocheux et d’en savoir un peu plus sur Giuseppe Garibaldi qui ne manquait ni d’argent ni de goût pour venir passer sa retraite sur cette île splendide. L’île de la Caprera est une merveille rocheuse recouverte de forêts préservées puisqu’elle n’est quasiment pas bâtie. Si une petite faim vous prend en explorant cette île n’hésitez pas à vous arrêter chez I Mille Bar Paninoteca. Cette petite guérite abrite un snack qui permet de déguster sur des tables disposées dans la forêt de délicieux paninis, burgers ou salades à des prix très raisonnables. Les autres îles sont accessibles uniquement par la mer.

Notre périple n’aurait pas été complet sans visiter un dernier petit site nuragique. Ce fut donc le cas à ARZACHENA avec la Tomba dei Giganti di Lu Coddu Vecchiu et le nuraghe La Prisgiona. Le site est intéressant et ceux qui se prendraient de passion pour les nuraghes ne seraient pas en reste car il y en a plein dans cette région ! Non loin la petite ville de TEMPIO PAUSANIA offre un visage bien différent de ses consœurs sardes avec une unité donnée par les bâtiments en granit gris qui la composent. Elle peut se révéler une pause agréable pour y déguster quelques spécialités sardes, côté terre, à la Trattoria La Gallurese.

CASTELSARDO est la dernière étape de cette carte postale gourmande de Sardaigne. La cité, initialement baptisée Castelgenovese, fut créée au XIIème siècle par une famille génoise, les Doria. La vieille ville, aux ruelles sinueuses, est tout naturellement dominée par le Castello qui abrite un musée de la vannerie… Non loin de là se dresse la belle Cattedrale Sant’Antioco Abate. Les nageurs invétérés trouveront le moyen de se baigner sur une des plages toutes proches avant de reprendre le bateau à Porto Torres !

J’espère que cette nouvelle Carte Postale Gourmande vous aura donné envie de découvrir la Sardaigne. Je laisse mes petits camarades de voyage compléter ce que j’ai pu oublier de ce périple et ceux des lecteurs qui le souhaitent nous laisser leurs petites adresses sardes en commentaires !

Graph sur une boutique à Orgosolo

A très bientôt pour quelques recettes sardes typiques !

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