Carte postale gourmande de Chypre

Amis de la mer, de la nature, du soleil, de l’histoire et de la cuisine : Chypre est faite pour vous ! Partis à la découverte de cette île méditerranéenne plutôt au hasard et malgré quelques avis contraires nous en sommes revenus ravis.

Alors certes, tous les coins de l’île ne se valent pas, mais c’est le lot de tous les pays. Mais à Chypre chacun a de quoi trouver son bonheur. Nous avons profité du magnifique temps automnal pour découvrir les richesses insulaires qui sont les traces d’une histoire complexe marquée par des occupations successives. Rendez-vous compte : Chypre n’est devenue indépendante de l’Angleterre que depuis 1960. Je vous passe le détail des dominations successives des grecs, romains, francs, vénitiens, ottomans puis anglais. Et comble d’ironie, depuis 1974 le nord de l’île est occupé par la Turquie. La séparation des territoires est marquée par une ligne verte démilitarisée surveillée par l’ONU, franchissable à plusieurs check point. Le territoire occupé n’étant pas reconnu au niveau international, il est déconseillé d’y entrer avec une voiture louée au sud faute d’assurance suffisante. Les assurances supplémentaires vendues aux points de passage n’y changent rien.

Je vous propose donc de suivre notre petit circuit de découverte chypriote.

Aussitôt débarqués à Larnaka direction Limassol. Cette ville est la seconde de l’île en termes de population et d’activités économiques. Elle a grossi, depuis sa partie coloniale, pour s’étendre le long d’une superbe plage longée par un magnifique parc urbain récemment aménagé qui parvient presque à nous faire oublier les immeubles de front de mer dont je dirais que leur esthétique est assez hétéroclite.

Bord de mer Limassol

Le quartier le plus intéressant à découvrir se situe autour du vieux port qui jouxte une marina flambant neuve dont l’ambition est de rivaliser Saint Tropez pour séduire les touristes fortunés. Le vieux port a été joliment aménagé et accueille plusieurs restaurants parmi lesquels je vous conseille Kipriakon dont le mezze est aussi copieux que gourmand. Prenez ensuite le temps de vous perdre dans les rues de sa vieille ville pour y découvrir entre deux maisons coloniales le marché bâti en 1917 (devenu food hall sous le nom de Limassol Agora), la superbe mosquée ou encore le château.

Panorama Kourion

Limassol est également réputée pour le superbe site archéologique de Kourion. Ses vestiges les plus anciens remontent à 325 avant JC. Lunettes de soleil, chapeau et eau indispensables avant de vous lancer dans l’exploitation des lieux. Il est utile de télécharger l’audioguide en français disponible ICI pour découvrir le site idéalement érigé au-dessus de la mer… L’agréable plage de Kourion jouxte le site, préservée de toute construction ce qui est rare ici !

Bien qu’il ne soit pas indispensable un détour par le château de Kolossi permet de découvrir les restes d’un édifice médiéval. Il est situé en territoire britannique car l’Angleterre a conservé des bases militaires à Chypre dont celle d’Akrotiri-Episkopi dont les installations sont interdits d’accès. Après un éventuel détour par le couvent Ayios Nikolaos ton Gaton qui vaut surtout pour la colonie de chats occupant les lieux puisque les bâtiments, magnifiques au demeurant, ne sont pas ouverts à la visite, direction Lady’s Mile Beach. Pour y accéder, en poursuivant la route du monastère, vous devrez traverser le lac salé qui, en hiver, est un refuge pour les flamands roses. Après une traversée assez surprenante, vous pourrez profiter d’une superbe plage de sable fin ouverte sur la baie de Limassol. Ce panorama permet de prendre conscience de l’étendue et de la variété des activités de ce port, mais aussi des projets actuels d’aménagement.

La seconde étape de notre périple fut Paphos. A refaire nous aurions dû explorer la région en restant basés à Limassol. Paphos est divisée, comme beaucoup de villes chypriotes, en deux parties : Kato (le bas) et Pano (le haut). Si le vieux Paphos, en haut, peut s’avérer sympathique entre son fort, son marché et sa place joliment rénovée, le bas n’est intéressant que pour deux sites à visiter au milieu d’une station balnéaire sans intérêt qui s’étire le long d’une côte défigurée. Le tourisme est une mine financière essentielle à Chypre, mais il est étonnant de constater que les erreurs liées au bétonnage excessif de certaines parties du littoral y perdurent. Bref, vous l’aurez compris : Paphos n’est pas une halte essentielle à Chypre ! Vous pourrez toutefois y découvrir un site archéologique antiques (moins impressionnant que celui de Limassol) et celui du Tombeau des rois superbe nécropole de l’époque des Ptolémée située en surplomb de la mer. Quitte à séjourner à Paphos, nous avons tout de même profité de l’agréable plage de Coral Bay au retour de laquelle nous avons découvert par hasard le restaurant Ayios Georgios dont la vaste terrasse ouverte sur la mer jouxte une jolie petite église orthodoxe. Halte sympathique pour boire un verre ou manger du poisson grillé. Tant que j’évoque les restaurants, si vous séjournez à Paphos, n’hésitez pas à vous attabler chez Palia iLektriki situé dans la vieille ville. L’accueil y est attentionné et la cuisine délicieuse !

Plus au nord encore, petite échappée possible vers Polis et Latchi. Les bains d’Aphrodite constitués d’une vasque d’eau alimentée par une source où la déesse aurait abrité ses amours avec Adonis valent le détour dans un joli parc arboré. Les randonneurs pourront ensuite explorer la péninsule d’Akamas qui accueille une zone naturelle protégée. A Polis la Moustakallis Tavern semble être une table à découvrir, tenue par trois générations d’une même famille : accueil charmant même pour boire un verre !

Les aficionados d’Aphrodite se rendront à Petra Tou Roumiou pour nager auprès des rochers auprès desquels seraient née la déesse de l’amour ! N’espérez pas y trouver calme et solitude car tous les cars touristiques y font halte… et encore notre expérience est celle du mois d’octobre !

Étape suivante : le massif du Troodos qui occupe la partie centrale de l’île avec son sommet : le mont Olympe qui culmine à 1952 mètres. C’est à la fois le château d’eau de l’île et un espace où les chypriotes se replient lors des grosses chaleurs ou encore l’hiver pour y profiter de 4 kilomètres de pistes de ski. Je doute néanmoins que la neige soit réellement abondante. Platrès fut notre point de chute : un étrange village aménagé par les anglais dès leur implantation sur l’île en 1878. Y furent ainsi construits des chalets et hôtels au style hétéroclite. C’est un bon point de départ pour partir randonner ou visiter de beaux villages tels que Omodos ou Lofou. Le dépaysement est garanti au milieu de superbes paysages de montagne dominants la mer au loin.

Direction la capitale : Nicosie. En chemin quelques haltes sont possibles pour découvrir par exemple le village de Pano Panayia qui abrite le très beau monastère de la Chrysoroyiatissa. Nicosie est la seule ville du monde actuellement séparée en deux. Depuis l’invasion du nord de l’île par la Turquie en 1974 ses deux parties sont séparées par une zone tampon surveillée par les forces de l’ONU. La couleur est annoncée dès l’autoroute depuis laquelle on voit au loin des drapeaux turcs surplombant la montagne.

Nicosie depuis l’observatoire du musée Ledra

La ville est entourée de remparts vénitiens en forme d’étoile au cœur desquels se trouve le quartier ancien de la ville. La découverte de la partie chypriote débute par la place de la République et les fossés superbement réaménagés par l’architecte Zaha Hadid avec en arrière-plan plusieurs tours spectaculaires dont celle construite par Jean Nouvel. Le musée municipal Leventis est une bonne introduction à l’histoire de la ville qu’il décline de l’antiquité à la période coloniale anglaise sur trois niveaux. La visite du CVAR (Centre d’arts visuels et de recherche) permet à travers sa collection de tableaux, photographies et publicités de découvrir Chypre dans l’œil de ses voyageurs. Notre déambulation nous a ensuite conduit vers la mosquée Omériyé, installée dans une ancienne église, auprès de laquelle se trouve un hammam datant du XVIème siècle. Si vous en avez la possibilité visitez la maison du drogman Kornesios qui permet de découvrir une demeure du XVIIIème siècle. Ne manquez pas de découvrir le quartier de la nouvelle mairie dont le chantier a permis de mettre à jour un site médiéval. Petite adresse sympathique pour déjeuner ou dîner chez Ayios Georgios dont les plats sont généreux, gourmands et servis avec une grande gentillesse.

Büyük khan

Direction à présent le nord où il est possible depuis 2003 d’accéder à des checks point dont le principal est celui de la rue Ledras en y présentant une pièce d’identité. Le changement d’atmosphère est perceptible dès l’arrivée dans la partie turque beaucoup moins développée et moderne qu’au sud. Plusieurs monuments superbes à y découvrir dont le caravansérail Büyük khan, la mosquée Selimiye ou le Bedestan.

Église Saint Lazare

Tekké Hala Sultan

Direction à présent Larnaca pour une ultime étape. La ville s’étend le long d’un grand front de mer séparé par un fort ottoman. D’un côté une promenade moderne de Phinikoudes presque aussi réussie que celle de Limassol, qui longe une plage agréable. De l’autre le quartier de la skala qui propose une promenade agréable le long des maisons de l’ancien quartier turc. Dans la vieille ville la découverte se poursuit dans le quartier ancien autour de la superbe église Saint Lazare. Entre deux balades ne manquez pas de vous attabler chez Takis Kebab House, un restaurant familial qui propose des plats traditionnels, salades et grillades très généreusement servis. Après cela une petite balade digestive s’impose autour du lac salé qui, à l’image de celui de Limassol, sert de refuge aux flamands roses l’hiver. Le Tekké Hala Sultan jouxte le lac, il s’agit d’une mosquée qui abrite la tombe de Umm Haram qui fut contemporaine de Mohamed.

Au fil des adresses données vous avez compris qu’à Chypre la gastronomie est à découvrir. Le mezze illustre le visage oriental de la cuisine chypriote, puisqu’on le retrouve également en Turquie, au Liban ou en Syrie. Chaque pays ayant ses déclinaisons. A Chypre vous dégusterez successivement des mets froids (salades, tarama, houmous ou halloumi) puis des mets chauds (saucisses, boulettes…). Libre à vous de déguster avec votre mezze un vin chypriote ou une bière locale. Le versant plus occidental de la cuisine chypriote se décline en différents ragoûts de viandes dont le stigado (porc) ou le kleftiko (agneau). Les spécialités au poisson sont plus rares mais il est possible d’en déguster dans des restaurants de bord de mer. Quant aux desserts outre les spécialités orientales tels les baklavas, il est possible de déguster de très bons gâteaux plus occidentaux proposés dans des pâtisseries. Je vous propose de découvrir quelques recettes d’inspiration chypriote avec une salade de pommes de terre imaginée par Jamie Oliver et un délicieux dessert à venir très prochainement !

J’espère que cette carte postale vous aura donné envie d’aller découvrir Chypre. Je vous invite à aller découvrir celles consacrées à la Sicile, la Corse, la Sardaigne, Majorque ou encore Naples pour prolonger la balade en Méditerranée !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *